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Diffusion-architecture by @imagine.marron |
La France en 2224
L'action du roman est située pour l'essentiel sur la côte d'Opale, entre Cap-Blanc-Nez et Cap-Gris-Nez, dans le Pas-de-Calais, une région particulièrement concernée par le changement climatique (érosion des falaise, inondations, montée des eaux...).
J'ai planté un décor en tenant compte des différentes projections élaborées selon des études scientifiques tenant compte des conséquences du réchauffement climatique sur notre pays. Et j'ai pris le pari que d'ici deux siècles, l'Homme aura su s'adapter à la situation, mettre en place des solutions pour maintenir les populations dans les parties encore habitables de la planète.
Avec une bonne anticipation et gestion des précipitations abondantes d'octobre à mars et de la canicule de mars à septembre, en aménageant des réserves d'eau souterraines, le nord ouest de la France (rafraichi par le vent venu de la mer) serait certainement l'une des parties les plus viables du pays, contrairement au sud où la chaleur engendrera des feux de forêts dévastateurs et où le manque d'eau rendra la terre infertile.
En toute logique, les grandes agglomérations trop gourmandes en énergie et dépendantes des transports de personnes et de marchandises sont vouées à changer : soit elles se fractionnent en plusieurs secteurs autonomes capables de subvenir à tous leurs besoins en circuit court, soit elles disparaissent. Supporter des températures au-dessus de 50° au quotidien nécessitera de repenser toute l'urbanisation et l'organisation des villes, de repenser les politiques sociales, économiques et sanitaires.
Un paysage profondément modifié par le réchauffement climatique
En 2224, il est probable que nos villes, nos campagnes, nos routes et nos forêts n'aient plus l'aspect que nous leur connaissons. Nos forêts primaires se modifieront pour s'adapter. Certains arbres disparaîtront au profit d'autres essences. Nous contribuerons à densifier nos espaces verts en nous tournant vers des variétés exotiques plus résistantes à la chaleur et à l'humidité.
Des secteurs entiers d'habitations (villes, villages, hameaux) seront abandonnés au profit de construction de nouveaux ensembles urbains adaptés au climat. La nature reprendra l'espace que nous n'avons eu de cesse d'envahir par des cultures intensives qui épuisent la terre et dévaste la faune et la flore. Ces poumons verts seront des sanctuaires où la présence humaine ne sera plus que vestige.
Une architecture organique, brute, légère et costaude
Les films et séries d'anticipation et de SF nous ont habitués à des décors tantôt aseptisés, épurés, blancs, lumineux, faits de matériaux plastiques (matière qu'on aura cessé de fabriquer depuis des lustres), de mobiliers sophistiqués ultra-modernes bourrés de gadgets électroniques (issus de métaux qu'on ne trouvera plus sur Terre), tantôt d'habitats de misères, terreux, sales et sombres, bâtis au coeur de décharges ou de plaines dévastées.
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@reverse.orientalism - @nature_architecture |
Il est plus vraisemblable de parier pour un entre-deux qui intègre les nouveaux matériaux dont nous bénéficions déjà pour construire nos maisons de demain (j'en parle sur ce blog dans l'article C'est déjà demain).
On peut imaginer des villages connectés les uns aux autres, constitués de biens communs (commerces, ateliers, moulins, fermes, bâtiments scolaires, hôpitaux..) et d'unités d'habitations autosuffisantes, résistantes et parfaitement intégrées à l'environnement naturel.
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@Tinyhouseperfect |
La circulation de l'air, des panneaux de bois ajourés qui laissent passer la lumière du soleil mais pas la chaleur, la ventilation naturelle par la présence de verdure et de bassins, la construction en hauteur à flanc de colline, l'orientation des maisons, l'enrochement de celles-ci pour les rendre plus résistantes et éviter les glissements de terrains sont déjà des solutions étudiées et mises en place depuis les années 1950.
Intégrer la nature
L’architecte américain John Lautner incarne l’un des pionniers du style architectural appelé « Desert Modernism », né au milieu du 20e siècle dans le sud de la Californie. Fasciné par les formes et les structures, John Lautner a su fusionner la géométrie de l’architecture avec la nature indomptable. L'une des œuvres principales de l’artiste est la maison « Arthur Elrod » située à Palm Springs, au sud de la Californie (1968), cette construction futuriste à flanc de montagne s’inscrit également dans le courant de l’architecture organique, car elle intègre des éléments de la nature dans sa conception. Elle a servi de décor à un film de James Bond, Les Diamants sont éternels.
Je pense aussi à la maison Unal, en Ardèche, et à toutes ces constructions créées pour résister aux ouragans depuis les années 2000.
De nombreuses réalisations et projets architecturaux sont sur Instagram. Des images qui m'ont inspirée pour la création du village et des habitations. J'en ai réunies quelques unes ici.
"Bamboo Houses overlooking the rice terraces in Bali" / images by Midjourney and Ebrar Eke / @ai.arch.itecture
La hauteur de plafond, le béton fabriqué à partir de matières organiques, les façades ajourées, les constructions sur pilotis, le choix de formes arrondies et de matériaux qui renvoient la lumière, l'épaisseur des murs, le choix de rideaux ou de panneaux mobiles ou pivotants pour ouvrir et fermer des pièces en fonction de la lumière, le futur habitat que j'imagine n'a rien de nouveau.
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@parametric.architecture - @diffusion_architecture - @Brutbuilds |
Extrait du roman :
" Comment faire entrer la lumière naturelle dans le cœur d’un bâtiment sans le transformer en fournaise ? La question occupait l’esprit des architectes bâtisseurs depuis le réchauffement climatique. Les technologies avancées et les matériaux issus des recherches les plus poussées avaient permis d’établir, dès 2170, que le XXIIIe siècle serait celui de l’architecture raisonnée. Basée sur la compréhension des éléments composants l’univers, le feu, la terre, l’eau et l’air, elle ne s‘imposait pas, se fondait plutôt dans son environnement, sans avoir l’air d’y toucher. On prenait en compte les éléments constitutifs d’une construction, ses capacités à fournir ses propres ressources énergétiques, ainsi que son évolution morphologique et fonctionnelle quelles que soient les circonstances. Chaleur, humidité, sécheresse ou froid intense, cette planète avait un foutu caractère, et son climat des revirements spectaculaires."
Des réalisations existantes plus proches du brutalisme, ce mouvement d'architecture en vogue des années 1950 à 1970, m'ont également inspiré le décor de certains lieux, comme la salle de repos et les sanitaires de l'Etablissement Communal d'Enseignement Collectif, ou les studios de musique en forme de bulle du parc de village et la salle du Conseil Villageois.
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@brutbuilds - WestLB Bank building, Dortmund, Germany, Harald Deilmann, 1969 - @somebrut_somewax |
Extrait du roman :
" L’odeur de la salle des Conseils était un curieux mélange de jonc de mer, de poussière et de pierre humide après la pluie. De forme rectangulaire, tapissée de moquette en fibre végétale vert pistache, elle comportait en son centre un immense puits de lumière. À la verticale de son dôme, se trouvait un cercle de circonférence égale, entouré d’une banquette moulée dans le béton que des coussins en cuir marron rendaient confortable. Deux fois par mois, elle accueillait les membres des différents Conseils Villageois. D’autres banquettes alignées contre les murs recevaient le public désireux d’y assister. L’acoustique particulière de la salle permettait d’entendre sans effort toute personne qui se tenait dans le cercle, quel que soit l’endroit où l’on se situait. "
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Brutbuilds - Gucci FW23 - @bureaubetak - Photo: Matteo Canestraro - @gucci |
D'autre habitats sont explorés dans le roman, tenant compte des différentes périodes qui vont s'étaler depuis notre époque contemporaine jusqu'au début du XXIIIe siècle. Des habitats plus souterrains ou troglodytes, littéralement taillés et creusés dans la roche.
Rien à voir avec des grottes humides et sordides, cependant. La preuve.
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@diffusion_architecture - By: @aiforarchitects |
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@diffusion_architecture - By: @aiforarchitects |
Bord de mer sanctuarisé, espace de travail en pleine nature, salon de coiffure aménagé dans une coque cylindrique, allées de bambous géants, bunker transformé en boîte de nuit, parc d'attraction sous coupole géante... Obsolète foisonne de décors. A votre imagination de leur donner vie.
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@la_kube |