La musique fait partie de ma vie depuis l'enfance. A la maison, il y avait toujours un disque qui tournait sur la platine, dans le salon. Mes parents étaient férus de musique classique, de jazz et de chanson française un poil engagée ( Jean Ferra, Léo Ferré, Georges Brassens...)
De la musique, j'ai eu la chance de pouvoir en apprécier tous les aspects: interprétation, improvisation, écriture.
Au piano dès l'âge de 6 ans, compositrice en herbe à 14 ans, chanteuse occasionnelle à 20 ans (dans un piano-bar avec le pianiste et compositeur de talent
Thierry Boulanger à Nancy dans les années 90), je vibre de toutes les tentations musicales. Comédienne et poétesse à 16 ans, j'ai même incarné Bilitis dans un spectacle musical où Debussy enchantait le texte du poète Pierre Louÿs, aux côtés du pianiste
Jonathan Darlington (aujourd'hui à la tête de l'orchestre de l'opéra Garnier) et de la chanteuse lyrique Françoise Destambert.
Auditrice, puis productrice d'émissions radio, la musique a aussi fait partie de mon quotidien de programmation. Un nombre incalculable de titres est inscrit dans ma mémoire.

Un domaine musical qui a très vite conquis mon coeur et mon imaginaire au point que je lui consacre à l'antenne des chroniques et des émissions sur France Culture, France Musique et France Inter dès les années 1990, c'est celui de la musique de films. Aujourd'hui, impossible de travailler sans ces compositions écrites pour l'image. Elle nourrissent et accompagnent l'écriture d'un roman durant de longs mois.
Chacun de mes romans a sa propre playlist
Grâce à Spotify, je peux ainsi dérouler ce ruban personnalisé à l'infini, y revenir, peaufiner l'ordre des titres afin de créer une harmonie, un décor sonore propre à l'univers d'un livre.
La playlist d'OBSOLETE m'inspire par sa diversité musicale, les images qu'elle projette dans mon cerveau, les références qu'elle convoque (images de films, époques, paysages, situations...)
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(Extrait du roman) |

La playlist du futur
C'était pourtant loin d'être évident : comment imaginer la musique d'une dystopie dont l'action se déroule en 2224 ? Qu'écouteront ou joueront sur Terre nos descendants ? J'ai imaginé une grande diversité musicale à l'image du brassage des cultures et des populations qui va se poursuivre durant deux siècles. De la world music au submerge flamenco ou au blues mexicain qu'apprécie le personnage de John Melnick, le technicien d'installation et de maintenance. Le Mexican blues existe vraiment, ce n'est pas une invention, contrairement à certains genres imaginés pour le livre, et qui sont dérivés de mouvements musicaux associés à d'autres.
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Extrait du roman
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On y trouve du jazz, de la world music, de la musique "facile" de type lounge music, des musiques planantes, futuristes, exotiques, des evergreens, des tubes rétros...
Les deux derniers titres de la playlist (suite for Krug in 2008, Ryuchi Sakamoto) sont le décor sonore de la séquence consacrée à l'enterrement de vie de maman.
Charlus Fisher, le personnage le plus âgé du livre, est assez rétro dans ses choix de chansons certes désuètes mais parfaitement écrites et indémodables. Sa playlist incarne aussi la mémoire du temps.
Sans la musique de films qui constitue 80% de cette playlist, les personnages du roman mais aussi son décor et sa dramaturgie n'auraient pas éclos avec autant de fluidité.
Merci à tous ces compositeurs et artistes de talent qui ont tant apporté, sans le savoir, à ce livre.
C'est à vous, à présent, de tourner les pages d'OBSOLETE en laissant défiler dans vos oreilles les titres de la playlist.
Dans les transports, son écoute est particulièrement conseillée pour colorer la grisaille environnante, enchanter un paysage derrière la vitre, le rendre mystérieux ou inquiétant, accompagner un coucher de soleil, et laisser vagabonder votre imagination...
BELLE ECOUTE.
Thierry Boulanger