Quelle chronique!
Quand on écrit un roman, on espère (sans trop y croire) que les lectrices et lecteurs vont comprendre non seulement la forme, mais saisir le fond du bouquin, déceler les allusions, les intentions cachées, les messages subliminaux... et être sensible à la pointe d'humour qui est ma signature depuis le premier livre publié.
Alors, j'ignore si c'est parce que nous portons toutes les deux un prénom qui se rapporte à la sagesse, mais Sophie et moi, disons le clairement, nous sommes connectées.
Elle a tout capté. Sa chronique m'a soufflée.
Je vous invite à la découvrir.
(Pour l'anecdote, le beau métier de Sophie Ruaud est de corriger les livres.)
![]() |
Lien vers sa chronique |
Extrait :
"Après l'échec retentissant et, disons-le, "cuisant" de la précédente, hyperconsumériste et décadente au point de dilapider ses ressources sans vergogne et sans vision à long terme - la nôtre, soit dit en passant - tout est maintenant régi par le souci de l'empreinte carbone, de l'économie des ressources, de l'autosuffisance énergétique et de la natalité. L'espèce humaine souffre en effet de stérilité et il faut repeupler la planète après les millions de morts dont elle a souffert au moment du Grand Effondrement de la civilisation fossile. Dans cette nouvelle société, tout semble mieux : on a appris à vivre d'une manière plus logique et naturelle, plus saine, plus écologique, plus heureuse aussi. Par ailleurs, la violence et le meurtre ont disparu - ainsi que les religions, mais n'y voyez aucune relation de cause à effet. Quoique... Tout cela grâce au bracelet modérateur d'humeur qui régule, voire annihile les sentiments négatifs. Tout a l'air d'aller mieux dans le meilleur des mondes, hormis une chose : au regard de ce problème de stérilité déficiente, chaque femme est déclarée obsolète dès lors qu'elle atteint les cinquante ans et recyclée afin de laisser la place à une autre, plus jeune et plus fertile. Là n'est pas le plus étonnant, la femme est déjà soumise à l'heure actuelle et depuis toujours à une date de péremption : la ménopause. Il n'y a qu'à voir le nombre d'hommes mûrs avec de jeunes femmes, voire filles, et tout ce que les femmes utilisent afin d'essayer de prolonger leur jeunesse comme moyens, subterfuges, palliatifs ou recettes-miracles - régimes, sport à outrance, maquillage, chirurgie esthétique, et j'en passe - pour s'en convaincre. Non, le plus stupéfiant c'est la passivité qui est associée à ce recyclage. Tout le monde trouve ça normal et semble très bien le vivre, y compris les Recyclées elles-mêmes."