Du Pas-de-Calais au Rwanda



Dans la nuit de lundi 22 avril au mardi 23 avril 2024, cinq migrants, dont une fillette de 7 ans, sont décédés lors d'une tentative de traversée de la Manche au niveau de la plage de Wimereux (Pas-de-Calais)(Source France Info).

Cette nuit-là, la mer était calme et le vent modéré. Le bateau pneumatique à bord duquel avaient été entassés 112 migrants aurait heurté un banc de sable avant de repartir. Un mouvement de panique se serait alors produit dans le bateau surchargé.  
Depuis le début du mois de janvier, 15 personnes sont décédées dans la Manche.
En 2022, année record, 45.000 personnes ont réussi la traversée de la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni, malgré les périls encourus dans le détroit du Pas-de-Calais, un des plus fréquentés au monde, et la mort en novembre 2021 d'au moins 27 migrants, âgés de 7 à 46 ans.

Mardi 3 septembre, la nouvelle tombe : C'est le naufrage le plus meurtrier dans la Manche depuis 2021. Douze migrants sont morts après que l'embarcation dans laquelle ils tentaient de rejoindre le Royaume-Uni s'est disloquée au large du cap Gris-Nez, dans le Pas-de-Calais. Depuis janvier, au moins 37 personnes ont déjà perdu la vie en voulant gagner les côtes anglaises, ce qui fait de 2024 l'année la plus meurtrière jamais observée depuis le début des traversées de la Manche sur des bateaux de fortune.

Le Pas-de-Calais.
La Côte d'Opale.
Le cap Gris-Nez.
Le décor d'Obsolète. 
...

En avril de cette année, un texte de loi est adopté par le Parlement britannique: adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, il prévoit le versement de sommes substantielles au Rwanda en échange de l'accueil de demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni. Une loi "historique", selon Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, qui a salué l'adoption du projet de loi controversé permettant l'expulsion vers le Rwanda de demandeurs d'asile, quel que soit leur pays d'origine. Selon lui, cette législation "ne constitue pas seulement un pas en avant mais également un changement fondamental dans l'équation mondiale de la migration". Une loi qui suscite l'indignation de la communauté internationale...

Quand comprendrons-nous que notre adaptation au réchauffement climatique passe par l'acceptation d'être une terre d'accueil ? Que tout autre choix ne fera que reculer l'échéance d'une recomposition de notre population à la mesure de ce qu'est notre planète, une terre solidaire et de partage où l'humanité est un tout ?




EXTRAIT D'OBSOLETE : 


"Près de nos côtes, par bateau, trente années durant, beaucoup se sont échoués dans les marais, fracassés sur les enrochements en essayant de contourner la digue.
Si peu d’enfants tirés vivants des embarcations.
Ils ont grandi, nos rescapés. Ont apporté de précieuses graines.
Des stratégies de résistance pour combattre la chaleur. La couleur bleue aux murs. La multiplica- tion de fontaines, puits et points d’eau, alimentés par un maillage de canaux souterrains. La reprise du système fluvial pour freiner la chute du débit des sources et l’asphyxie de l’eau. La création d’herbiers, de zones de pisciculture à l’embouchure des rivières, de labyrinthes aquatiques souterrains et de cavités adaptées à la reproduction des derniers poissons sauvages. Le découpage en spirale et non en quartiers de nos villages. De leurs cultures ances- trales, de leurs arts, ils nous ont dotés. Le bharata natyam. Le hula. Le sarouel. Le kurta. Le chapeau de bambou. Les tatouages au henné. Le jardin créole. La fabrica- tion de céramique à base d’argile, de végétaux, de paille hachée et de cendres. La construction de moulins à farine et à huile. Le paillis d’ardoise à la saison des pluies. La création de bambouseraies pour étayer la terre. Les haies brise-vent d’essences productives comme le goyavier, le grenadier et les agrumes, dont les feuillages persistants abritent les cultures basses. La plantation de palétuviers pour créer des mangroves, remparts naturels contre la fureur des vents et la houle cyclonique.
Tant de savoir-faire en partage.
Par-dessus tout, nos sangs, nos couleurs se sont mêlés, et par ce brassage ethnique, l’infertilité galopante a épargné la communauté des villages."