Le confinement climatique dans "Obsolète"

 



" Quand nos corps risquent de subir un stress thermique trop élevé, Maya avise la population des sept villages. Il faut cesser toute activité, rentrer chez soi et se cloîtrer. 

Nos jours, alors, se lèvent la nuit.

Une permission de sortie est accordée entre minuit et 6 heures pour se rendre à la coopérative acheter de quoi se nourrir, protéger les cultures et les vignes sous des filets d’ombrage, programmer les robots autonomes au défrichage ou à la récolte, faire tourner les moulins, sauver les plantations dans nos potagers, prendre soin des bêtes à la ferme collective, ramasser les œufs des poules juste après la ponte, traire deux fois les chèvres et les brebis, faire face à une urgence médicale ou accompagner au trot un défunt au Centre communal d’humification."

"Un village en sommeil forcé sous un soleil avide, des enseignements en visio, des apprenants statiques derrière l’écran. Adolescente, ces coups de frein donnés à ma petite existence me mortifiaient. Vivre à moitié la moitié d’une vie, repliée dans ma chambre tel un cloporte caché sous une pierre, c’était le bouquet. Je pouvais presque sentir le temps traverser mon corps."

Ce que j'imagine en 2224 lorsque j'écris le roman en 2023 me semble couler de source : puisque nous n'aurons pas réussi à freiner le réchauffement climatique, face aux températures extrêmes qui chaufferont à blanc notre planète, il faudra bien s'adapter. L'idée de ce "confinement climatique" relevait donc de l'évidence : imaginer comment la population pourrait continuer à vivre dans pareilles conditions, inverser les périodes d'activité du jour vers la nuit, cloîtrer les gens, limiter les déplacements, passer au télé-enseignement et au télé-travail. 


"Un village en sommeil forcé sous un soleil avide, des enseignements en visio, des apprenants statiques derrière l’écran. Adolescente, ces coups de frein donnés à ma petite existence me mortifiaient. Vivre à moitié la moitié d’une vie, repliée dans ma chambre tel un cloporte caché sous une pierre, c’était le bouquet. Je pouvais presque sentir le temps traverser mon corps."


Ce matin, sur France Info, en écoutant la chronique Le monde est à nous d'Isabelle Labeyrie, j'ai eu l'impression soudain que cette vision futuriste se confondait avec la réalité: des Philippines à la Thaïlande en passant par l'Inde, la journaliste nous apprend que l'Asie est frappée par des températures extrêmes, au point que plusieurs pays déclenchent des "confinements climatiques". Et certaines mesures sont prises en urgence : ne plus envoyer les enfants à l'école, par exemple. Sauf que beaucoup d'entre eux, les plus pauvres, n'ont pas accès à un télé-enseignement. 

L'Iran avait déjà mis en place un confinement climatique en juin 2023. Mais les réactions sont toujours hâtives, sans anticipation ni préparation des populations. personne ne prend en compte les répercutions que des chaleurs extrêmes auront sur les cultures, les animaux, les habitats durant ces épisodes. Le confinement n'est pas toujours la solution. S'enfermer chez soi dans un logement non climatisé où la température dépasse parfois les 38°, sans possibilité de ventiler une pièce car l'air extérieur dépasse les 50°, est-ce bien raisonnable ? 



Dans ma ville, je vois toujours autant d'immeubles se construire, blanchir le ciel. Ils me font l'effet de radiateurs géants dans lesquels s'entassent les gens.

En France comme ailleurs, nos comportements, nos logements, nos villes, nos environnements devraient être dès à présent repensés en fonction des évènements climatiques (canicules et pluies extrêmes) lesquels engendrent des dégradations ainsi qu'une grande fragilisation de nos sols et de nos habitats actuels. Par exemple, le bétonnage rend nos sols imperméables et engendre de graves conséquences : le retraitement des eaux usées avant leur déversement dans les cours d'eau devient problématique voire impossible lors d'épisodes de pluies violentes et abondantes qui saturent brutalement les égouts et la capacité des réseaux. L'eau non retraitée se déverse alors directement dans le fleuve ou la mer, charriant de nombreux déchets et polluants récoltés sur les voies de circulation et les trottoirs.

Des revêtements poreux existent déjà, pourtant. 

... Vivre plus proche du sol, ombrager et végétaliser nos rues, nos espaces communs, supprimer les véhicules thermiques en ville, privilégier la circulation sur rail et en sous-sol, adapter nos modes de vie en fonction des saisons, tout cela devrait dès à présent relever des politiques de nos villes. 

Emissions à écouter sur le sujet :  

"Déconstruire le tout béton"

"L'adaptation au changement climatique" 

La terre au carré, de Mathieu Vidard, sur France Inter




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